Je viens ce soir auprès de vous
Effeuiller lentement la rose
Qui se laisse cueillir à genoux
Alors qu'à peine éclose
Elle transpire déjà la rosée.
Et la voilà à exhaler ses joies
ses désirs
et ses peines
Prisonnière de l'amour éclaté
Qui la voulait tenir pour reine
Et au matin l'a vue fanée
Effeuillez lentement la rose
Prenez votre coeur en patience
Qui de l'ineffable douleur
Saura prendre toute distance
Quand à l'orée de votre vie
Vous entendrez le chant d'un appel
N'attendez pas courez vers lui
envolez-vous à tire d'ailes
oui volez d'un vol éperdu
vers ce jardin suspendu
au coeur du rêve éveillé
et de la veille en rêves..
Sissi, la Vraie
Soulève ta paupière close
Qu’effleure un songe virginal.
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encor emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir.
Ô toi, qui de ma mort fut cause,
Sans que tu puisses le chasser,
Toutes les nuits mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe ni De Profundis,
Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du Paradis.
Mon destin fut digne d’envie,
Et pour avoir un sort si beau
Plus d’un aurait donné sa vie.
Car sur ton sein j’ai mon tombeau,
Et sur l’albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Écrivit : "Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser".
http://www.hberlioz.com/Libretti/Nuits.htm