Des feux d'artifices en ombres
Et lumières sur une pièce d'eau
Une foule en positif / négatif
Tapis rouge et projection violette
J'ai cru voir l'ami de ma jeunesse
Entouré d'inconnus chers à son coeur
Entre les palmiers nimbés de lumière verte
Et puis le chant des cailloux sous ses pieds
Sur sa terre natale comme une symphonie
Un retour aux sources taries de l'innocence
Une migration impossible et impensable
Vers une terre profanée à plaisir
Pour l'orgueil de l'enivrement
Et dont seul Allah connaît l'intention
Le soleil et la lune et les planètes
Ne se prosternent que devant le prophète*
Paix sur lui
Sur l'Ordre Suprême du Créateur de Tout
Dont l'Amour nous est l'Unique Liberté probable
Ô vent des illusions ramène tes voiles
Sur les coeurs obscurcis de rêves inutiles
De souffrances aiguës et chimériques
Enveloppe-les de tes linceuls glacés
Jusqu'à les étrangler Les étouffer
Et que soient délivrés les chercheurs
De cette Vérité Crue et Unique pour lesquels je prierai
Et puisque le rêve est source de désespoir
J'implore mon Créateur de m'en éloigner
De me rendre insensible à tous les charmes
Moi qui ne rêve pas d'être un serpent
Qui n'aspire qu'à élever mon âme
Quels que soient le prix et le sang à verser
Quels que soient l'abondance et le goût de mes larmes
Ceux que je croyais des héros
Ont survécu pour m'ouvrir les yeux
Sur le courage et la réalité humaine
Je les aurais mieux aimés martyrs
Eternellement vivants dans ma quête d'idéal
Mon rameau d'olivier se dessèche
Foulé par leurs pas trop pressés de me fuir
Me fuir comme on se détourne du miroir
Lorsque l'image qu'il renvoie n'est pas celle qu'on attend
Car ils recherchent la splendeur du zénith
Le nadir leur paraît abstractivement dangereux
Voyage immobile Bandeau sur les yeux
Voyage sacré pour briser les chaînes de l'orgueil
Mais voici une maison jaune encadrée de verdure
Sous un ciel serein et prometteur
A l'intérieur je ne vois que des paons
Satisfaits de se pavaner
Dans la magnificence de leur plumage
Et les voiles couvrent les ouvertures
Ne laissant filtrer qu'un faisceau de poussière
Ô Dieu Source de toute aide
Protège-nous des démons et des démones
Dans cette vie où tout est mensonge
Où les volontés factices sont tyrannie
Où l'hypocrisie tient nos êtres en otages
Où l'Art est mis en esclavage
Que Ton Amour soit notre seul bagage
Que sont les honneurs et les louanges
Autant de chemins pour nous égarer
J'ai cru voir l'ami de ma jeunesse
Il était seul au milieu du monde
Mais dans cette agitation permanente
Je vois un prisonnier bâillonné de l'intérieur
En survivance comme ignorant qu'il peut renaître
Comment sauter dans la Lumière
Les yeux et le coeur grands ouverts
Passant du manque au vide
Et du vide à la plénitude
Pour lire dans les nuages
Et déchiffrer dans les orages
La partition aboutie d'une musique céleste
Et devenir enfin
Un instrument
Un passage
Ou simplement
Un soupir
Melina Nilles
*il s'agit de Yusuf (Joseph)- Qur'an sourate XII
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